mère (catharsis #2) 40x50 tyvek print, 2020

mamie (catharsis #2) 40x50 tyvek print, 2020

soeur (catharsis #3) 40x50 tyvek print, 2020

Lorsque la disparition prend toute la place, où l’effacement d’une personne et que son absence réussit à conquérir un vide, il est difficile de s’expliquer ces maux caractérisés par une fuite soudaine, parfois prévisible.
Interprétant l’abandon par un état résultant de la soustraction d’une personne dans quelconque sphères importantes de sa propre vie, je m’efforce de créer un paradoxe et m’intéresser à l’effet contraire et replonger mes souvenirs manifestement délaissés quelque part, dans ces endroits significatifs. Ainsi, je décide de ne plus être le sujet abandonné, mais de faire confiance en mes instincts, m’abandonner à ceux-ci et donc renoncer à une présence, embrasser l’absence.
Utilisant les bouquets de fleurs comme instance de réalité, comme modalités bien précises à ce mécanisme de défense, comme agent monolithique central au projet, je réunis souvenirs, mémoires et leur dédie une valeur documentaire et symbolique. Où chaque ensemble de cet attrait superficiel que sont les fleurs semble se détériorer, mais ne font qu’être résultat d’opérations naturelles afin d’être préservé.
J’opte alors pour un modèle de référence dans une démarche personnelle, mais facilement identifiable d’individu en individu. Je tente de concevoir un monde possible à l’égard duquel les formules d’impuissance et les modèles du vide laissent place à une catharsis dont le langage visuel traduit des relations malsaines, dont on rejette la présence et accepte leur absence. Représentant des relations familières et singulières de façon abstraite par le biais de paramètres visuels d’un processus de guérison spécifique, je traite chaque membre actif en échantillon mnémonique comme archétype familier.
Embrassant l’éphémère de ces installations, de ces moments fugitifs, de ces phases transitoires, de ces clichés momentanés, de ces individus passagers, de cet état provisoire, je m’offre une catharsis en ton absence. Cette catharsis se veut une représentation artistique, une reproduction de ta présence recréée en bouquets fanés, de ton absence introduit par ces mots et de mon lâcher prise interprété dans ces installations éphémères en terrain connu. Dans cet état d’esprit vague et parfois en crise, je me mets en scène, je te mets en scène d’une certaine façon et je provoque une situation ambiguë afin de soustraire tous malentendus dus à ta disparition dans ma crise perpétuelle à t’oublier et à vivre loin de toi, mais surtout sans toi.
Je décontextualise ta présence en emboîtant ton reflet floral dans divers lieux donc tu connais l’existence, mais dont tu ignores leur signification. Je nous plonge dans un gouffre sans limite où nos désaccords profonds ne font que s’éloigner considérablement de plus en plus. Je nous offre cette distance pour freiner ce chaos, ce désastre, cet échec interrelationnel qui nous habite depuis si longtemps. Au cœur de cet abysse, je guéris tranquillement.
extrait vidéo, 2020